La nouvelle application DxO Photolab 4 à la rescousse pour « débruiter » d’anciennes photographies d’espaces intérieurs de Le Corbusier prises à Paris et Firminy.
Devant la promesse de “révolution” faite par cette nouvelle version du logiciel français de développement photo DxO Photolab pour corriger le bruit dans nos images à l’aide “d’une intelligence artificielle”, j’ai eu envie de tester cette application sur des fichiers anciens très “bruités”.
Je suis donc allé repêcher quelques vieux RAW qui infestaient les limbes de ma photothèque pour vous proposer cette visite guidée.
Des images Raw-quinquées
Le RAW, jpg quelque chose ?
Raw signifie brut en anglais et c’est le nom donné au fichier originel produit par le capteur de nos appareils photos professionnels.
Les fichiers RAW, qui ne sont pas utilisables directement comme les jpg, doivent être traitées et développées à l’aide d’applications spécialisées.
La quantité d’informations contenue dans ces fichiers est très souvent primordiale pour un photographe professionnel car elle permet de travailler dans le spectre maximal de couleurs et de lumière de l’image, et particulièrement dans les extrêmes, à savoir les hautes et les basses lumières.
Un point sur le bruit
Les capteurs numériques, même si ils ont beaucoup progressé ces dernières années, ont tendance à générer du bruit, comme des nuées de points de couleurs différentes, dans les basses lumières qu’ils ont souvent du mal à analyser.
Lorsque l’on éclaircit une photo sous-exposée ou ayant des zones très sombres, on peut faire apparaître beaucoup de ce bruit disgracieux.
Du grain à moudre
Le débruitage d’une image numérique consiste à supprimer ou atténuer ces pixels colorés tout en essayant de conserver la netteté des contours.
Pour ce qui concerne les images retraitées dans cet article avec DxO Photolab 4, les fichiers originaux étaient souvent sombres et très bruités comme vous pouvez le voir sur ces échantillons.
J’avais renoncé à débruiter ces photographies d’assez mauvaise qualité après plusieurs essais peu satisfaisants avec mes applications de traitement RAW habituelles.
Les images ci-contre montrent différents niveaux de débruitage une fois que l’image a été éclaircie.
On peut constater sur ces exemples que l’on conserve une relative bonne netteté finale avec des aplats de couleurs pratiquement uniformes grâce à la solution ultime de débruitage de Photolab, nommée DeepPRIME.
Dé-rawtisation d’un appartement et d’une école de Le Corbusier
Raw-tour dans le passé
Au début des années 2000, la Cité de l’architecture & du patrimoine à initié le « projet Le Corbusier » qui à consisté à recréer à l’échelle 1, dans la galerie d’architecture du musée, un appartement type E2 de la Cité radieuse de Marseille.
Me rendant au Palais de Tokyo à Paris pour visiter une exposition, je découvrais la collection permanente du musée, en lien avec l’architecture, et plus particulièrement cet espace de vie reconstitué, créé par Le Corbusier.
L’appartement reconstitué était très similaire de celui que j’avais eu l’occasion de visiter dans autre unité d’habitation à Firminy dans la Loire.
je réalisais à l’époque quelques photographies à main levée très sous-exposées, afin de conserver les hautes lumières, mais difficilement récupérables jusqu’à ce que j’arrive à les débruiter avec cette nouvelle version de DxO Photolab.
L’appartement Le Corbusier sans bruit
L’appartement en duplex est restitué dans son intégralité avec son mobilier et son salon salle à manger cuisine au premier niveau.
Il ne s’agit pas d’une dinette pour enfants mais bien de la vraie cuisine équipée, très exiguë mais assez avant-gardiste pour l’époque.
A l’étage on trouve trois chambres ainsi qu’une petite salle de bain.
La chambre parentale avec un bureau au premier plan et ses petites niches de rangement est en mezzanine ouverte sur la salle à manger.
Les deux chambres d’enfant à l’étage vues de l’extérieur sont étroites et tout en longueur, avec à chacune un code couleur différent, le montant en bois central correspond à la cloison qui les sépare !
Mini Modulor, photographe à l’école
Des amis m’avaient offert il y a quelques années une visite à Firminy dans la Loire pour y découvrir l’unité d’habitation de Le Corbusier réalisée avec son unité de mesure, le Modulor.
Au dernier étage de la barre d’immeuble, terminée après la mort de l’architecte, se trouve l’ancienne école maternelle fermée en 1998 après 30 ans d’utilisation. Elle est surmontée d’un toit terrasse qui fait office de cour extérieure, comme pour la Cité Radieuse de Marseille.
Ci-dessous, un extrait du reportage « débruité ».
Vue à hauteur d’enfant d’une salle de classe maternelle de Le Corbusier.
Hall d’entrée de l’école avec des ouvertures colorées qui égaient un peu l’espace et avec le lavabo circulaire originel qui m’a paru peut-être un peu haut, vu de ma hauteur de minot !
Vue du couloir longeant les différentes salles de l’école avec une multitude de petits bancs.
Mon point de vue sur DxO Photolab 4
Points positifs
L’essai de de DxO Photolab 4 s’est avéré assez concluant pour moi et sa prise en main complète, en moins d’un week-end, à été rapide.
Je l’ai acheté pour l’utiliser principalement pour sa fonction avancée de débruitage DeepPRIME sur des images prises dans des conditions difficiles et à contrario pour le traitement d’images réalisées en studio photo qui demandent peu de retouches.
Les formats d’exports paramétrables, la création de palettes personnalisées et l’implémentation, dans cette version, des filigranes me semble primordiaux pour rendre cette application compétitive face à ses concurrentes.
La profusion des profils optique-boîtier et les corrections des objectifs met clairement DxO Photolab au dessus de presque tous ses concurrents dans ce domaine. J’ai apprécié de trouver des profils correcteurs d’objectifs relativement récents pour mon Nikon Z.
Points négatifs
Utilisant une application beaucoup plus complète comme Darktable, il me manque certaines fonctionnalités comme, par exemple, une meilleure gestion – personnalisation des raccourcis clavier afin de pouvoir activer directement tous les réglages et pas seulement une petite partie des palettes.
C’est frustrant et cela génère un grosse perte de temps d’avoir à utiliser autant la souris sur nos grands écrans pour activer ou désactiver des fonctions couramment utilisées.
Je suis partagé sur le système de gestion des calques que je trouve assez ingénieux mais qui présente trop vite des limites à cause de l’impossibilité d’éditer les formes sur des masques déjà créés.
Pour les fonctions de retouche, il manque aussi clairement la possibilité d’éditer les formes et de pouvoir tracer des segments droits.
J’imagine que toutes ces formes créées par le logiciel sont vectorielles et sont possiblement des courbes de Bézier qu’il faudrait rendre éditable lors d’une prochaine version.
Au niveau du catalogueur de la Photothèque, il est réduit à sa plus simple expression par rapport à Darktable ou d’autres application concurrentes.
L’absence de collection de tags couleurs qui permettent de marquer ses images à différentes étapes est rédhibitoire pour moi.
La gestion des mots-clés est encore un peu trop embryonnaire et n’est pas gérable de façon groupée au niveau du catalogueur.
Au niveau de l’interface, les modules de réglages à l’intérieur des palettes ne se distinguent pas beaucoup les uns des autres, il manque clairement une séparation plus visible entre ces modules ou à minima entre le titre des modules et leurs réglages.
Le filtrage d’image propose 25 critères différents, ce qui peut être utile, mais pour pouvoir n’utiliser qu’un seul critère d’affichage, il faut ouvrir 24 fois de suite le menu pour pouvoir y arriver, c’est complètement fou !
Une palette dédiée aux filtres, plutôt qu’un menu déroulant, pourrait nous permettre de choisir plus facilement nos critères ou l’appui sur une touche pourrait permettre d’inverser la sélection du tri afin de pouvoir partir d’un filtre pour ensuite en ajouter d’autres.
Sous-ex, une explication vaudrait mieux
Pour ne pas dire adieu aux hautes lumières lorsque les différences d’éclairages sont très fortes, et à moins de disposer d’un pied photo qui permet de réaliser des prises de vues identiques avec plusieurs expositions afin de les assembler en post production, le choix de sous-exposer s’avére souvent nécessaire lorsqu’on que l’on peut prendre qu’une seule photo.
Il suffit ensuite, lors du traitement du fichier RAW, de corriger les basses et les moyennes lumières tout en préservant les hautes lumières.
Dans les cas où on est face au soleil à l’extérieur, on peut se retrouver avec une image pratiquement noir carbone que l’on arrive parfois à exploiter, comme dans cet exemple de correction de prises de vues d’architecture avec une sous exposition due au conte-jour.
Le mode HDR de certains logiciels ou appareils photo est prévu pour assembler automatiquement plusieurs images prises avec des expositions différentes pour éviter de sous exposer une seule image, mais les résultats sont rarement convaincants et loin d’égaler une retouche professionnelle d’architecture.