L’architecture brutaliste à connu ses architectes stars, dont certains ont eu l’occasion de « bétonner » un peu Paris comme Le Corbusier, Marcel Breuer, ou encore Jacques Kalisz.
Quelques architectes parisiens ont, à leur tour, essaimé leurs constructions de béton brut dans Paris intramuros ainsi que dans quelques villes en périphérie.
Dans le quartier de la Défense, à coté du CNIT, l’icône brutaliste de Bernard Zehrfuss, classée et protégée, certaines constructions en béton se sont fait oubliées au fil du temps, se retrouvant noyées au milieu des tours en verre.
Le béton, le brut et les truelles
En France, à partir des années 50 le béton est devenu la matière première de beaucoup d’architectes.
Son emploi généralisé à permis la reconstruction rapide de nombreux logements dans l’après-guerre grâce à des procédés mécanisés comme la préfabrication par moulage de pièces en béton armé puis leur assemblage sur chantier.
L’emploi du béton assemblé à permis de développer une organisation rationnelle des chantiers de constructions ainsi que de faire des économie d’échelle dans tout le secteur de la construction.
Coffrages à La Défense
Le quartier de la Défense n’a pas échappé à la tendance architecturale du brutalisme à partir des années 1960 pour la création de logements d’habitation et on trouve encore aujourd’hui quelques spécimens de cette architecture, dont deux barres d’immeubles auxquelles je me suis attaché documenter dans cet extrait d’un reportage photographique.
Un coup de barre, et ça repart
En arrivant dans le quartier de la défense par les quais de Seine, au milieu des tours de bureaux, une immense barre d’immeubles d’habitation, aux façades recouvertes de panneaux de béton préfabriqué, semble troller l’architecture de verre plus « futuriste » du reste de l’esplanade de La Défense.
Les 4 bâtiments, en gradins sur le front de Seine, composent un ensemble architectural brutaliste qui est l’œuvre des architectes Jacques Binoux et Michel Folliasson.
J’ai essayé dans cette photographie d’harmoniser la juxtaposition, tout en verticalité, de ces différents styles d’architectures en plaçant l’immeuble brutaliste au premier plan.
La composition photographique multi-architectures en plan serré est un peu mon dada instagramesque même si je peux être plus concentré sur un sujet comme dans la suite de cet article.
Tetris d’architectes
Les formes découpées sur les cotés ne sont pas sans évoquer, pour un esprit bien tourné, des pièces d’un jeu de Tetris.
Sur près de 25 000 m2, les façades sont recouvertes de panneaux de béton préfabriqués avec des motifs circulaires.
Ils sont à l’origine du nom des Damiers donné cet ensemble d’immeubles brutalistes.
Pilules dorées au soleil
Selon l’heure de la journée, le béton vieilli peut désormais se dorer au soleil alors que sa fin approche…
Les Damiers en échec
Érigés en 1974, ces Damiers sont voués à présent à la destruction car l’architecture brutaliste, pourtant redevenue à la mode, ne suscite pas vraiment l’intérêt des politiques ni, semble-t-il, celui des conservateurs de notre patrimoine architectural français.
En d’autres temps, il s’agissait d’une véritable citadelle de logements sociaux campée sur ses 2400 places de parking et avec une vue imprenable sur la capitale !
En cours de désamiantage, ces constructions vont être remplacées par 2 tours « Hermitage Plaza » conçues par l’architecte Norman Foster pour le groupe Hermitage.
Retour à la case départ
C’est en faisant le tour de ces immeubles que le photographe d’architecture peut découvrir de nouveaux points de vue et boucler son reportage.
L’architecture brutaliste à pu tourner rond jusque dans les années 70 à la Défense.
Les luminaires rétro futuristes en demi-sphère du mobilier urbain s’harmonisent parfaitement avec les formes rondes sur les façades des Damiers.
Vision brute de décoffrages
A l’abordage de l’esplanade
Parmi les constructions qui bordent la grande esplanade de la Défense on trouve, au milieu des tours, un sorte de vaisseau tout en béton armé, la Résidence Vision 80, un ensemble d’habitations construit en 1973.
Les deux immeubles brutalistes qui la constitue sont l’œuvre des architectes Jean-Pierre Jouve, Andreï Frieschlander et Charles Mamfredos.
L’ensemble architectural est en forme de L et comporte un immeuble de 7 étages de haut le long de l’esplanade de la défense ainsi qu’une tour perpendiculaire de 15 étages.
On est bien ici dans l’esprit de l’architecture de Le Corbusier avec ces deux bâtiments montés sur pilotis qui laissent le sous bassement ouvert aux passages piétons. Comme souvent dans l’architecture brutaliste, on trouve aussi sur les parties basses des traces des planches de bois ayant servies aux coffrages.
Des jardins sont aménagés sur les toits et on retrouve, comme dans les unités d’habitation de Le Corbusier, une rue à l’intérieur du bâtiment.
Passerelles de débarquement
Plusieurs passerelles métalliques plaquées de lames d’aluminium de couleur vertes, évoquant par leur forme entièrement fermée des passerelles aéroportuaire, relient les escaliers extérieurs ou les deux barres d’immeubles entre elles comme vous pouvez le voir sur la photographie illustrant cet article.
En matière de béton
En photographie, le béton brut en très gros plan, même vieilli et jauni, se suffit souvent à lui même pourtant je préfère parfois le désaturer (même si je ne l’ai pas fait ici pour le Vision 80) afin de le rapprocher de sa couleur grise originelle.
Le noir et blanc, comme toujours, permet d’aller à l’essentiel et de traduire la force qui se dégage du matériau ou de la structure comme pour cette photographie d’un pilier éléphantesque supportant la barre de 15 étages.
Comme il me reste beaucoup de matière photographique sur le quartier de la Défense, j’aurai l’occasion d’y revenir dans mon autre blog consacré à la photographie d’architecture.