Après vous avoir fait découvrir en images l’intérieur de l’église Sainte-Marie du couvent de La Tourette, voici un second volet de ce reportage photographique consacré cette fois-ci a mes prises de vues extérieures du couvent de La Tourette de l’architecte Le Corbusier.
À la différence d’autres œuvres architecturales de Le Corbusier, je dois reconnaitre que les images des vues extérieures de l’architecture du couvent de La Tourette ne m’ont jamais particulièrement attirées. Cela est probablement dû en partie à son aspect très austère mais surtout au coté carcéral d’une partie des façades du bâtiment qui brutalise littéralement mon regard de photographe…
Un fois dépassé cet à priori négatif, la curiosité du photographe d’architecture amateur de patrimoine et d’architecture brutaliste a été suffisamment forte pour qu’en ce jour grisailleux d’automne 2020, à l’occasion des journées de l’architecture, je me décide d’aller donner à mon tour un point de vue photographique sur le couvent de La Tourette !
J’ai donc pris le parti d’illustrer et de commencer cet article par ce qui m’interpelle le plus dans ce bâtiment, à savoir les ouvertures des couloirs occultées à l’extérieur par des structures inclinées en béton.
On peut comprendre facilement la raison de ces occultations puisqu’il s’agit d’empêcher toute distraction aux frères dominicains pour les maintenir le plus possible dans leurs périodes de recueillement…
Le « point de vue » assumé par Le Corbusier est donc à double sens. Quel autre architecte était capable de pousser un concept aussi loin en prenant le risque de défigurer en partie ses façades ?
Le couvent de La Tourette et au delà
Comme photographe du patrimoine architectural j’aime bien m’intéresser à la façon dont les œuvres s’insèrent dans un environnement immobilier ou industriel.
Ici nous sommes en pleine nature et je peux donc appréhender le couvent de La Tourette au milieu de son environnement forestier en l’observant avec du recul et sous des angles multiples.
Austérité de façades
Le bâtiment construit au milieu d’un écrin de verdure trône au sommet d’une clairière et tranche avec son environnement par son aspect de béton brut mais le temps ayant fait sont œuvre, le ciment jauni s’accorde finalement assez bien aux feuillages d’automne.
Comme souvent avec Le Corbusier, tout est extrêmement conceptuel et réfléchi.
Par exemple, chaque étage et chaque zone du couvent est traitée différemment pour ce qui concerne les ouvertures sur l’extérieur, en fonction des activités des frères dominicains.
Que la lumière soit dans les espaces à vivre et que la pénombre remplisse les lieux de prière et de méditation.
La structure même du bâtiment qui est réalisée sans murs porteurs permet de créer aussi bien une segmentation de grandes baies vitrées sur toute la hauteur d’un étage que de fines et longues fentes vitrées verticales comme horizontales comme nous le verrons ultérieurement et plus précisément dans un troisième volet consacré à l’intérieur du couvent de La Tourette.
Le Corbusier est adepte depuis longtemps de la « façade libre » que j’ai pu documenter aussi à l’occasion d’un reportage sur la Villa Savoye à Poissy.
Point de vue en eau trouble
Je trouve aux alentours du couvent, pour ma composition photographique, beaucoup d’arbres et de végétation et je m’arrête près de d’un vieux bassin en contre-bas, du coté de l’église, dans lequel j’en profite pour lancer une pierre dans l’eau afin de retranscrire mon léger trouble initial concernant cette œuvre architecturale.
Soubassements en béton
Le couvent étant construit sur un terrain en pente, Le Corbusier en a profité, comme pour beaucoup de ses constructions, pour créer un soubassement avec de nombreux piliers.
Des piliers tout en courbes de ciment avec les traces des coffrages alternent avec des piliers de béton plus basiques coulés en deux ou trois fois.
Extérieur de l’église du couvent de La Tourette
Pour l’église de Firminy comme pour la Chapelle de notre dame du haut, Le Corbusier avait donné aux bâtiments des formes extérieure plutôt élancées, s’inscrivant quelque part dans la tradition des concepteurs d’églises qui s’attachaient à impressionner où émerveiller de loin les fidèles où les visiteurs.
Blocs hauts de béton
Pour l’extérieur de l’église réservée au centre d’études et de formation des jeunes frères dominicains réalisée dans le cadre du couvent de La Tourette, Le Corbusier n’avait probablement pas comme mission de séduire extérieurement les visiteurs.
Façades aveugles
Une austérité presque totale est de mise et le bâtiment inséré en partie dans la pente avec ses murs de béton brut et ses quelques puits de lumière en forme de meurtrières ou intégrés dans des cheminées surplombant le transept, évoque plus un immense blockhaus qu’un lieu de culte et s’avère peu accueillant.
Une seule porte de l’église donnant sur l’extérieur fait office de porte d’intendance et de secours.
Comme nous l’avons vu dans le premier volet de ce reportage, l’entrée principale de l’église du couvent de La Tourette se trouve à l’intérieur du bâtiment.
Ma circumambulation m’a permis de croiser quelques animaux (pas très sauvages) dont ce cheval que j’ai pu figer photographiquement ad æternam avec la façade de béton aveugle de l’église de Le Corbusier.
Prochaine et troisième étape de cette visite : l’espace intérieur du bâtiment avec certaines parties à vivre (à venir prochainement).